L'info du mois
Pas de tarifs réglementés pour Enercoop
Depuis le 1er février 2025, les TPE dotées d’un compteur supérieur à 36 kVA peuvent à nouveau souscrire des contrats aux tarifs réglementés de vente d’électricité auprès d’EDF. Olivier Soufflot, directeur général délégué d’Enercoop, explique pourquoi le groupe coopératif n’a jamais proposé de contrats indexés aux tarifs réglementés.

Enercoop ne propose pas de contrats indexés aux tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE), pourquoi ?
Olivier Soufflot : Notre modèle, fondé sur un réseau de 11 coopératives régionales et de 65 000 sociétaires, ainsi que sur la qualité de la provenance de l’énergie, s’éloigne des modèles basés sur les TRVE. Notre approvisionnement est constitué à 100 % d’énergies renouvelables, ce qui n’est pas le cas des contrats aux TRVE. Nous achetons l’électricité directement auprès de producteurs en France, et ce, pour 100 % de la consommation de nos clients.
Une part de 15 à 20 % de cette consommation est couverte par des engagements long terme, sous forme de PPA (contrats d’achat directs d’énergies renouvelables). Le reste, 80 à 85 %, provient de contrats d’approvisionnement directs auprès de producteurs éoliens, photovoltaïques ou hydroélectriques. Il s’agit de contrats plus courts que les PPA, de trois ou quatre ans, avec des prix ayant pour références les prix de marché.
Enercoop s’est vu décerner le label VertVolt de l’Ademe, avec le niveau « très engagé » [le plus élevé, Ndlr], qui valorise l’achat direct d’électricité verte, en particulier lorsqu’il y a une part d’investissement citoyen. Par ailleurs, la constitution des TRVE intègre la référence Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Ce mécanisme permet aux fournisseurs d’acheter de l’électricité nucléaire à un prix régulé de 42 € le MWh. Or Enercoop, qui fête ses 20 ans cette année, s’était toujours refusé à faire appel à l’Arenh. Nous avons dû nous résoudre à y avoir recours depuis 2023, à cause de la forte hausse des prix sur les marchés, et après consultation de nos sociétaires.
Y a-t-il un risque que les petits professionnels ayant des compteurs supérieurs à 36 kVA quittent Enercoop pour EDF ?
O. S. : Nous avons 115 000 clients, dont environ 10 % sont des professionnels. Parmi eux, un tiers a un compteur de plus de 36 kVA, dont des TPE. Les offres moins chères que les tarifs réglementés de vente, ou bien indexées aux TRVE, il en existait déjà avant. La question de fond est de savoir si l’on s’adresse à des clients recherchant plutôt des prix bas, ce qui est légitime, ou si leur engagement dépasse cette logique de prix, pour tendre vers une qualité de la composition de l’énergie.
Notre modèle de contractualisation permet de rémunérer des producteurs d’énergies renouvelables qui créent des emplois en France et des retombées locales de l’énergie dans les territoires. Nous savons aussi qui produit l’énergie. Quand l’électricité est achetée sur le marché avec des garanties d’origine, on ne sait pas qui vend ni comment est constitué le mix énergétique.
Comment évoluent les besoins des clients professionnels ?
O. S. : Ils demandent à avoir une vision à plus long terme sur le prix de leur énergie. Nous réalisions déjà des contrats engageants sur 3 ans avec de gros professionnels qui consommaient plusieurs GWh par an. Désormais nous le faisons aussi avec des clients sur quelques centaines de MWh. Des clients souhaitent même fixer des prix à cinq, sept, voire dix ans, au moins sur une partie de leur volume. Intégrer des PPA dans notre approvisionnement permet de répondre à cette nécessité. Pour rappel, les TRVE changent chaque année. De plus, le dispositif Arenh va disparaître en 2026. Or, les acteurs économiques ont besoin d’un signal prix sur du moyen-long terme.
Petits professionnels : suppression du plafond de puissance
L’accès aux tarifs réglementés de vente de l’électricité avait été supprimé le 31 décembre 2015 pour tous les sites d’une puissance de plus de 36 kVA. La loi du 11 avril 2024 visant à protéger le groupe EDF d’un démembrement, a fait disparaître le plafond de puissance pour les petits professionnels.
Depuis le 1er février 2025, sont à nouveau éligibles aux TRVE les consommateurs finals domestiques et les consommateurs finals non domestiques qui emploient moins de dix personnes et dont le chiffre d’affaires, les recettes ou le total de bilan annuel n’excèdent pas 2 millions d’euros (Art. L337-7 du Code de l’énergie). Ils peuvent souscrire des contrats aux tarifs réglementés auprès des fournisseurs dits historiques, c’est-à-dire EDF et les entreprises locales de distribution. Les prix de ces nouveaux tarifs jaunes et verts tiennent compte de plusieurs paramètres : heures creuses, heures pleines, heures d’été ou d’hiver, utilisation longue ou courte, participation à des opérations d’autoconsommation, etc.