Passer aux renouvelables
Polytech Université parie sur l’autoconsommation photovoltaïque
À Nantes, Polytech Université a fait installer une centrale solaire de 225 kW. Le projet a été porté par un collectif d’acteurs publics et privés qui lui vend l’électricité produite à un tarif compétitif, en attendant qu’elle devienne propriétaire de la centrale.
Basée sur la Chantrerie, un territoire situé au nord de Nantes et qui accueille une centaine d’entreprises et plusieurs établissements d’enseignement supérieur, Polytech Université a fait le choix du photovoltaïque pour répondre à ses besoins en électricité. Toutefois, elle n’a pas investi elle-même dans l’installation. Le projet a été porté par l’Aful (association foncière urbaine libre) Chantrerie, une association locale comptant vingt membres (établissements d’enseignement supérieur et de recherche, entreprises publiques et privées, association d’habitants), qui s’est engagée il y a une dizaine d’années à faire évoluer les modes de vie du territoire, notamment en matière de transition énergétique.
L’association a en effet d’abord installé une chaufferie bois et un réseau de chaleur, puis mené divers projets (éolien, photovoltaïque, power-to-gas, etc.), toujours en s’appuyant sur des financements extérieurs. La centrale solaire de Polytech Université, elle, a été initiée en 2016. « J’ai proposé au directeur que l’Aful Chantrerie rénove gratuitement la toiture de l’établissement, vieille de 30 ans et qui fuyait, mais aussi d’y installer des panneaux photovoltaïques. En échange, l’idée consistait à lui vendre l’électricité produite à un prix très compétitif », explique Bernard Lemoult, initiateur de l’Aful Chantrerie et directeur de recherche à l’IMT Atlantique.
Une fois la convention signée (un contrat similaire au bail emphytéotique), la SAS EnR Chantrerie a vu le jour en 2017 pour porter le projet. Elle regroupe l’Aful Chantrerie, Énergie Partagée et deux personnes physiques impliquées sur le territoire. De son côté, l’université a mis gracieusement à disposition sa toiture pendant 22 ans. Elle deviendra propriétaire de la centrale solaire au terme de la convention.
18 % des besoins couverts
Baptisé Minerve photovoltaïque, le projet a été lauréat d’un appel à projets de la Commission de régulation de l’énergie pour de l’autoconsommation individuelle à 100 %, avec à la clé un bonus de 1 ct €/kWh produit. Il a nécessité un budget de 400 000 € pour la rénovation de la toiture et l’installation des panneaux. 250 000 € ont été apportés via un emprunt bancaire et 150 000 € en fonds propres, principalement par Énergie Partagée, via un financement citoyen. Pour réaliser les travaux, la SAS EnR Chantrerie a opté pour une assistance à maîtrise d’ouvrage et elle a choisi des entreprises locales. La centrale, d’une puissance de 225 kW, est équipée de 750 panneaux Systovi*, fabriqués à Nantes.
« L’Aful Chantrerie préfère payer plus cher pour installer des panneaux français ou européens. Il s’agit d’un élément très important pour nous », assure Bernard Lemoult. Mise en service début 2019, la centrale, d’une surface de 1 250 m2, est déployée sur la halle d’essais de Polytech Nantes. Sa production annuelle s’élève à 245 MWh, ce qui permet à l’établissement de couvrir 18 % de ses besoins en électricité.
Le prix du MWh est quant à lui fixé à 130 €, soit deux fois moins que le tarif proposé par le fournisseur principal de l’université, et il est revalorisé chaque année de 4 %. « Cela nous permet de rentabiliser le coût des travaux. De son côté, la direction de Polytech Nantes est satisfaite. Elle n’a pas eu besoin d’investir pour rénover sa toiture et bénéficie d’une énergie renouvelable. L’installation lui permet également de réduire le montant de ses factures et d’économiser près de 30 000 € par an. »
* Systovi a depuis mis la clé sous la porte, en cessant ses activités en avril 2024.