Pourquoi former ses salariés à l’écoconduite ?

En 2019, 80 000 salariés de La Poste avaient été formés à l’écoconduite. Le groupe propose ce type de formation depuis 2009. « L’objectif est que tous les facteurs et les livreurs de colis, donc tous ceux qui conduisent, puissent être formés d’ici à 2024 », explique Bénédicte Geirnaert, responsable animation RSE territoriale, branche courrier colis à La Poste. Les salariés sont reformés tous les deux ans, pour garder les bons réflexes. « Ce sont des automatismes à mettre en place qui peuvent s’oublier avec le temps », précise la responsable. Pour cela, les salariés ont à leur disposition différents modules d’e-learning dont le contenu est adapté au véhicule utilisé (thermique, électrique, utilitaires…) et réalisent aussi des formations en conditions réelles. « D’abord en effectuant le circuit tel qu’ils l’auraient fait seul, ensuite en mettant en œuvre les gestes proposés par le formateur », ajoute Bénédicte Geirnaert.


Économie de 10 % de carburant


Résultat, La Poste indique, avec l’écoconduite, une économie moyenne de 10 % de carburant. « Il est bien sûr compliqué de mesurer précisément ce qui tient de l’écoconduite, de l’évolution des carburants et des véhicules. Nous n’avons par ailleurs pas mis en place de capteurs sur chacun des véhicules, puisque l’on perdrait ainsi une partie du gain économique en équipement », souligne Bénédicte Geirnaert, précisant aussi noter une baisse des accidents, même si celle-ci n’est pas quantifiable en tant que telle, et des gains sur l’entretien des véhicules – dus aux conduites plus souples.
APS Prévention, l’un des organismes qui dispense des formations à l’écoconduite, estime que les économies de carburant peuvent aller jusqu’à – 20 %, en fonction de la conduite de base des salariés. Paradoxalement, cette pratique mène aussi à une légère augmentation du kilométrage par heure, de l’ordre de 5 km/h en moyenne. « Nous proposons trois types de formation : une, théorique, qui vise à sensibiliser, une autre où, en plus de la théorie, les principes de l’écoconduite sont mis en pratique avec un circuit en conduite classique, puis des actions correctrices, et la dernière où, en sus, les entreprises s’engagent à mettre en place un suivi des consommations », détaille Philippe Colombani, gérant d’APS. Dans les faits, très peu choisissent la troisième option – « même si c’est la plus performante » –, pour ne pas donner une impression de contrôle à leurs salariés. Les formations de niveaux 2 et 3 sont réalisées en une demi-journée. L’écoconduite s’adresse autant aux grands groupes qu’aux PME, mais ces dernières s’y intéressent peu, faute de temps à consacrer à la formation.

Vrai véhicule instrumenté

L’Ademe, qui avait publié il y a une dizaine d’années un guide, sur le sujet,  toujours d’actualité, recommande aujourd’hui aux entreprises de vérifier que la formation comprend bien « un volet théorique (rappel des impacts environnementaux de la conduite, mise en perspective des choix de mode de déplacement, choix d’un véhicule adapté au réel besoin, description et explication des gestes techniques d’écoconduite dont l’anticipation) et un volet pratique, dans un vrai véhicule instrumenté [et non pas un simulateur comme on peut le voir parfois, ndlr], avec affichage de la consommation par trajet, analyse des freinages, de l’utilisation de la boite de vitesse… ». L’agence précise que ce volet doit comprendre deux sessions, une en conduite « naturelle », et l’autre en écoconduite pour mettre en évidence l’évolution des données.