Qarnot : de l’eau chaude et du chauffage grâce à la data

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D’un côté, du calcul informatique. De l’autre, de l’eau chaude sanitaire et du chauffage. A priori, on se dit que ces informations n’ont pas grand-chose à voir. Et pourtant… Qarnot, entreprise française comptant aujourd’hui 80 salariés, développe des chaudières numériques qui valorisent la chaleur produite par des serveurs informatiques en énergie verte. « Studios d’animations 3D, laboratoires médicaux, grandes banques, secteur de l’intelligence artificielle font partie de nos clients. Ils effectuent beaucoup de calculs informatiques. Au lieu de les réaliser dans des data centers traditionnels, solution qui est aujourd’hui la plus connue, nous distribuons les clusters de calculs (chaudières) directement sur des sites consommateurs de chaleur », explique Naia Etchecopar, responsable communication chez Qarnot. Les chaudières numériques sont ainsi installées dans les bâtiments de gros consommateurs d’eau chaude sanitaire, tandis que leur puissance de calcul est utilisée par d’autres clients distants.

150 chaudières numériques en Europe

Une quinzaine de sites (des résidences de logements principalement) sont actuellement ainsi équipés en France, pour une centaine de chaudières en tout installées en Europe, et de nombreux gros projets – industries, réseaux de chaleur, piscine – sont dans les cartons, après une levée de fonds de 35 millions d’euros en janvier 2023. La solution Qarnot est possible en rénovation ou en neuf. « Nous évaluons d’abord les besoins du site – eau chaude sanitaire, chauffage ou les deux le plus souvent –, puis dimensionnons les chaudières numériques pour qu’elles couvrent les talons de consommation (1). Elles sont toujours installées sur site dans un local dédié. Un stockage en ballon tampon est aussi prévu. L’eau peut monter jusqu’à 65 °C », détaille Emeline Piu Nogrette, responsable du bureau d’études interne. Les dernières chaudières numériques de Qarnot ont une puissance de 3,2 kW et une production jusqu’à 28 MWh par an. La solution ne fonctionne pas seule, elle est toujours associée à une autre, souvent du gaz ou de la géothermie, jamais du solaire thermique, qui a une production de chaleur variable. À La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique), trois chaudières de 2 kW chacune (chaudières de première génération de l’entreprise, un peu moins puissantes que les dernières) ont été installées dans une résidence. Elles produisent 40 % de l’eau chaude consommée par les 56 logements. Les solutions Qarnot sont éligibles aux CEE et parfois au Fonds chaleur de l’Ademe, selon le type de projets et la puissance installée.

Prix fixe de la chaleur

En Finlande, à Kankaanpää, les chaudières numériques ont été intégrées à un réseau de chaleur chauffant 10 000 foyers. D’une puissance de 104 kW, elles produisent 910 MWh par an de chauffage, en desservant le circuit primaire, avec une eau entre 54 et 59 °C. « L’idée serait d’atteindre une puissance d’1 MW pour couvrir 20 % des besoins du réseau de chaleur », poursuit Emeline Piu Nogrette. Qarnot développe actuellement des projets similaires en France : ses chaudières feront partie sous peu de réseaux de chaleur franciliens. « Le modèle économique proposé pour ces gros sites est le suivant : nous réalisons tous les investissements, fournissons et refacturons la chaleur aux clients. Le prix est donc fixe pour ces derniers, avantage non négligeable au vu du contexte et de la volatilité des derniers mois », ajoute la responsable du bureau d’études interne.

(1) Le niveau minimal de consommation du site.