Circuler plus vert
Réduire les émissions de CO2 du transport de marchandises
Le projet CO2CKPIT de l’Ademe vise à accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport de marchandises. Il a permis la création d’un outil permettant de mesurer efficacement, pour n’importe quelle route commerciale, l’impact carbone de toutes les alternatives disponibles.

Il est très difficile pour les professionnels du transport de marchandises, les chargeurs et les transporteurs, de mesurer avec précision l’empreinte carbone de leur activité. En cause, l’absence de norme et d’outil unifié. « Ces entreprises, en particulier les chargeurs, doivent demander à leurs prestataires et aux commissionnaires de transport, de leur fournir l’empreinte des volumes que ceux-ci opèrent, mais ils sont nombreux et chacun utilise un outil différent, voire aucun », explique Loïc Marzin, directeur technique et cofondateur de Wakeo, une société spécialisée dans le pilotage des transports intercontinentaux multimodaux. « N’ayant pas d’autre indicateur que le prix, les entreprises se tournent vers les offres les moins chères. »
Pour répondre à cette problématique, l’Ademe a lancé l’appel à projets CO2CKPIT dans le cadre de France 2030. Remporté par Wakeo et démarré en novembre 2022 pour une durée de trois ans, CO2CKPIT dispose d’un budget de 2,82 millions d’euros, financé par l’Union européenne à hauteur de 1,69 million d’euros.
Comparer les empreintes carbone
L’objectif de Wakeo consistait à donner aux chargeurs et aux commissionnaires du transport la possibilité de visualiser les offres les moins émettrices de CO2, route par route et de façon unifiée. Elle a pour cela développé l’outil Trusted Routes qui, outre des indicateurs tels que la fiabilité et les retards sur les routes maritimes, dispose d’un module de calcul de l’empreinte carbone réelle.
Celui-ci repose sur la traque des positions exactes – grâce aux données GPS – de l’ensemble des navires, des avions, des trains et des camions, à l’échelle du globe. Grâce à des bases de données, Wakeo connaît également les caractéristiques de tous les moyens de transport utilisés, y compris les émissions associées. Concernant le ferroviaire, notamment, les données ont toutefois été plus complexes et longues à récolter. « Il nous a fallu récupérer le nombre de trains assurant les différentes lignes auprès de chaque opérateur, pays par pays, le coût de l’énergie et les émissions CO2 y étant différents. »
Différents usages
Sur un trajet Shanghai-Le Havre en bateau, par exemple, une recherche affiche des dizaines de compagnies maritimes proposant le même service, mais avec des émissions qui peuvent aller du simple au double. L’écart peut être encore plus important en cas de report modal, de la route ou de l’aérien, vers le ferroviaire ou le maritime. Autre cas d’usage : la prise en considération de l’empreinte carbone pour l’implantation d’une nouvelle usine.
« L’outil propose des suggestions avec tous les modes de transport, ainsi que des alternatives aux lignes utilisées habituellement. En modifiant un point de départ, on peut démarrer un trajet en ferroviaire ou en maritime et éviter le recours à des camions, par exemple », assure Loïc Marzin. L’outil est déjà disponible pour les flux multimodaux sous la forme d’une application, mais uniquement sur la partie maritime. Les autres modes de transport seront disponibles progressivement d’ici novembre prochain.