Engager sa transition
Réduire l’impact carbone grâce au télétravail
Le télétravail permettrait de réduire les déplacements domicile-travail et les émissions de CO2 associées. Néanmoins, cette pratique n’est pas toujours applicable et elle doit être utilisée par les entreprises comme un levier parmi d’autres.
Le Centre de recherche pour l’observation des conditions de vie (Credoc) et le Commissariat général au développement durable ont publié en juillet dernier l’étude Télétravailler davantage : quel effet sur l’émission de CO2 des déplacements domicile-travail ?. Parmi les principaux enseignements, 28 % des personnes actives interrogées ont déclaré travailler à distance. Par ailleurs, 38 % d’entre elles pensent que leur poste est adapté à cette pratique et 49 % aimeraient télétravailler. Un potentiel intéressant, d’autant plus que la grande majorité des trajets domicile-travail se fait en voiture. Or une journée de télétravail permet en moyenne d’éviter près de 4,5 kgCO2 d’émissions liées à ces trajets.
Le télétravail : pour quels postes ?
Pour passer du désir de télétravailler à la pratique, il faut néanmoins prendre en compte la possibilité de travailler à distance, car pour certains postes, cela est impossible. Le télétravail est en outre davantage déployé dans les grandes agglomérations. « On peut faire l’hypothèse que cela est lié aux emplois exercés, explique Marianne Bléhaut, directrice du pôle Data & Économie du Credoc. Il existe notamment beaucoup d’emplois de bureau et d’emplois cadres qui sont plus fréquemment télétravaillés que les autres. Pour certains postes de service (dans l’hôtellerie, la santé, etc.), avec un lien direct avec le client ou le bénéficiaire, c’est plus compliqué à mettre en place. » On retrouve cette problématique dans l’industrie et le commerce, où une grande partie des tâches ne peut se faire à distance.
En outre, le télétravail nécessitant une nouvelle organisation dans l’entreprise – investissements dans des ordinateurs portables par exemple –, il est essentiel que toutes les parties prenantes soient impliquées, en particulier les employeurs et/ou les managers. « 57 % des personnes interrogées estiment que leur employeur est plutôt favorable ou tout à fait favorable au télétravail. En revanche, on constate que ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez les personnes qui le pratiquent déjà. Pour les autres, le chiffre n’est que de 35 %. »
Une diminution de 2 à 10 % des émissions de CO2
Face à ce constat, les auteurs de l’étude ont défini deux scénarios. Le premier, baptisé « scénario additionnel », se base sur l’idée selon laquelle les personnes recourant déjà au télétravail pratiqueraient un jour de télétravail supplémentaire par semaine, ce qui permettrait une baisse de 2 % des émissions de CO2. Le second scénario, baptisé « pratique souhaitée », considère quant à lui que tous les actifs passeraient en télétravail lorsque celui-ci est possible. Dans ce cas, la baisse des émissions pourrait atteindre 10 %. « Si les personnes déclarent qu’elles peuvent travailler à distance trois jours par semaine, on ne va pas faire l’hypothèse qu’elles puissent le faire cinq jours par semaine. Cela ne serait pas réaliste », indique Marianne Bléhaut.
Le télétravail ne doit donc pas être perçu comme une solution miracle, mais comme un outil parmi d’autres pour baisser les émissions de CO2. « Il ne faut surtout pas en faire une obligation ou quelque chose de contraignant, car il peut y avoir aussi des personnes qui ne souhaitent pas y avoir recours. » L’étude a d’ailleurs permis de constater qu’une petite partie des salariés n’a pas envie d’augmenter son taux de journées télétravaillées.
Enfin, il faut garder à l’esprit que la France est l’un des pays européens dans lequel le télétravail a été mis en place le plus tard et où il est le moins développé. Une situation qui s’explique par des éléments liés à la structure de l’emploi et aux habitudes des entreprises. « Dans une économie davantage tournée vers les services ou l’industrie, l’impact est forcément différent. En outre, il existe des organisations dominantes dans les entreprises françaises, qui peuvent ne pas être les mêmes que dans les pays ayant un recours plus massif au télétravail. »