Apprendre des autres
Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : les PME sont concernées
Selon Alan Fustec, président de Goodwill-management et de l’Agence Lucie, les PME ont tout intérêt à anticiper en mettant en œuvre une politique de RSE, en particulier sur le plan environnemental.
Ingénieur agronome, docteur en biologie, docteur en finances, Alan Fustec a compris tôt que les entreprises pouvaient jouer un rôle crucial dans la protection de l’environnement. En 2003, il fonde Goodwill-management, cabinet de conseil en responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et économie circulaire. Il préside aussi l’Agence Lucie, qui gère le label LUCIE 26000 aligné sur la norme ISO 26000 (lire encadré) et le label Numérique responsable (NR). La communauté Lucie réunit près de 1 000 membres (entreprises, associations et collectivités) labellisés ou en cours de labellisation.
En juillet 2021, Goodwill-management a réalisé une enquête sur la RSE dans les TPE/PME, en partenariat avec la Maif. Combien sont-elles à faire de la RSE ?
Il y a eu 330 répondants. Comme c’était du déclaratif, les résultats correspondent à des entreprises qui ont déjà un intérêt pour le sujet. 85 % de ces organisations disent avoir mis en place des actions RSE. Et 24 % indiquent que ces actions ont été formalisées au sein d’une vraie stratégie RSE. C’est-à-dire un plan d’action digne de ce nom, avec des objectifs, des moyens alloués, un responsable, un suivi, etc. Seulement 14 % estiment que la RSE est pleinement intégrée à la stratégie de l’entreprise. Au-delà de cette étude, nous estimons que les entreprises ayant un fort niveau d’engagement RSE sont environ 30 000 en France. Cela représente moins de 1 % des 3,3 millions d’entreprises françaises.
Qu’entendez-vous par « fort niveau d’engagement » ?
Celles qui ont un niveau d’engagement équivalent à la norme ISO 26000 ou qui suivent d’autres référentiels : société à mission, B Corp, etc. De même les entreprises multi-certifiées : ISO 9001, ISO 14001… Ensuite, il y a celles qui font de la RSE de manière significative, mais pas complète. Par exemple, prendre soin de ses clients, mais ne pas avoir de stratégie d’achat responsable. Elles sont selon nous entre 10 et 15 % de ces 3,3 millions d’entreprises. Puis on trouve celles qui ont un engagement en RSE très partiel, environ 30 à 40 % des entreprises. Les autres, soit 60 %, ne savent pas de quoi il s’agit.
Comment inciter les PME à s’engager dans une démarche RSE ?
Pas besoin d’être une grosse boîte ou d’avoir beaucoup de moyens. Au sein de la communauté Lucie, 90 % des membres sont des PME et des TPE. L’entreprise responsable est celle qui s’engage à prendre en compte les attentes de toutes ses parties prenantes : ses salariés, ses clients, la société civile, les fournisseurs, les représentants de la nature… Dans les dix ans à venir, je m’attends à un tsunami réglementaire car la situation environnementale est très grave. Au niveau européen, la réglementation va être vraiment contraignante. Le Fit for 55 (propositions législatives de la Commission européenne) vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. Or la France s’est fixé un objectif de réduction de 40 % et n’est même pas sur cette trajectoire. En parallèle, les clients sont de plus en plus exigeants et demandent des produits responsables. À terme, les entreprises qui restent à l’écart du développement durable auront des problèmes pour se faire assurer et financer leurs activités.
Que peuvent-elles faire en matière d’environnement ?
Premièrement, réduire au maximum leurs prélèvements sur le milieu naturel, en cherchant à consommer moins d’énergie, moins de matières premières, moins d’eau. Second point, réduire leurs rejets. Il y en a de quatre types : les gaz à effet de serre, les autres polluants atmosphériques, les effluents et les déchets solides. Autre défi, la destruction de la biodiversité. Il faut réfléchir à ne pas accroître l’emprise au sol, à végétaliser des parkings, etc. L’achat responsable aussi est très important. Je conseille de nommer une personne dans l’entreprise qui sera en charge du sujet RSE, même si elle peut avoir une autre fonction. Elle va se former, analyser les points forts et faibles, mettre en place un plan d’action, évaluer les progrès réalisés. Je recommande aussi de réaliser son bilan carbone.
La responsabilité sociétale des entreprises
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est définie par la Commission européenne comme l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. La RSE porte sur des actions qui vont au-delà des obligations juridiques. Plusieurs dispositifs existent pour aider les entreprises à formaliser leurs démarches RSE si elles le souhaitent. Parmi eux, la norme ISO 26000 est un ensemble de lignes directrices qui passe en revue sept thématiques : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local. Objectif pour l’entreprise : améliorer ses pratiques dans ces domaines. De leur côté, les grandes entreprises françaises sont tenues de fournir une déclaration de performance extra-financière afin de communiquer sur les implications sociales et environnementales de leurs activités (ordonnance du 19 juillet 2017). Une sorte de rapport de développement durable. Cette obligation concernerait environ 3 800 entreprises.