L'info du mois
S’adapter au changement climatique
L’Ademe et Bpifrance sensibilisent le monde économique aux risques liés au changement climatique. Parmi les outils en préparation, le « Diag adaptation » doit permettre aux entreprises d’identifier les risques physiques et de construire un premier plan d’actions.

Le 10 mars 2025, le gouvernement a lancé le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), destiné à se préparer à une France à +4 °C en 2100, si les politiques climatiques échouent à ralentir le réchauffement. De nombreuses mesures concernent le secteur économique et les entreprises.
Dix jours plus tard, Météo France publiait un rapport intitulé La France s’adapte, vivre à +4 °C. Elle y analyse entre autres l’évolution des extrêmes de température, des pluies intenses, de la sécheresse du sol, du risque de feux et des tempêtes, dans une France à +4 °C. Exemples : « Les vagues de chaleur se produisent de mi-mai à fin septembre et peuvent durer jusqu’à deux mois en continu. » Ou encore : « Le risque élevé de feu se généralise à l’ensemble du pays et concerne des régions peu touchées jusqu’à présent. » Un scénario pour le moins intenable.
Toutes les entreprises sont concernées
Face à ces catastrophes annoncées, les entreprises sont vulnérables, mais jusqu’à quel point, et comment anticiper ? L’Ademe travaille sur ce sujet depuis plusieurs années. Elle s’est ainsi associée à Bpifrance pour mettre au point un outil de diagnostic pour les PME, le Diag adaptation. Il vise à évaluer la vulnérabilité d’une activité au changement climatique, afin d’anticiper les risques physiques actuels et futurs pour le site concerné (lire encadré). Son lancement a été repoussé dans l’attente de l’issue des discussions budgétaires avec l’État.
Fin 2023, l’Ademe avait déjà publié la méthodologie ACT adaptation, après l’avoir testée auprès de treize grandes entreprises volontaires. Objectif : évaluer la maturité de la stratégie d’adaptation d’une organisation qui a déjà analysé les risques physiques et réfléchi à de premières mesures d’adaptation. En collaboration avec l’association française des Entreprises pour l’Environnement (EpE), l’Ademe a aussi édité un guide d’adaptation au changement climatique en entreprise, basé sur 30 témoignages d’entreprises françaises. Il ressort de ces exemples que ne rien faire coûte souvent plus cher que s’adapter, que les parcours d’adaptation sont spécifiques à chaque entreprise et surtout, que toutes les entreprises sont concernées.
Limiter les émissions et anticiper les évolutions
Toutes dépendent en effet de ressources ou de chaînes de valeur sensibles aux aléas climatiques (inondations, vagues de chaleur, sécheresses, submersion marine…). « C’est de la responsabilité des dirigeants de s’en occuper, comme ils s’occupent de réduire leur impact environnemental, dont les émissions de gaz à effet de serre », concluent les auteurs du guide. En effet, se préparer ne signifie pas baisser les bras face au réchauffement. Chaque dixième de degré compte, d’où la nécessité de poursuivre les efforts en matière de transition énergétique et de réduction des émissions de CO2.
« Afin de limiter les conséquences du changement climatique, l’action climatique repose sur deux approches indissociables : l’atténuation ou décarbonation, visant à la baisse des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines (objectifs de l’accord de Paris) et l’adaptation, permettant de réduire les impacts des changements déjà engagés », insiste Météo France dans son rapport sur la France à +4 °C. Une France qu’on aimerait mieux ne jamais connaître.
Élaborer un plan d’actions
Le (futur) Diag adaptation conçu par l’Ademe et Bpifrance concerne les sites de 1 à 499 salariés, ayant au moins un an d’existence. Voici ce qu’il prévoit : un expert agréé par Bpifrance interviendra pendant 7 jours répartis sur 3 à 6 mois. Il se déplacera dans les locaux de l’entreprise pour analyser la vulnérabilité de ses processus et identifier les impacts du changement climatique sur sa chaîne de valeur dès maintenant et d’ici 2035 et 2055.
Il accompagnera ensuite l’équipe dirigeante dans la construction d’un premier plan d’actions (chiffré et priorisé) afin de réduire les risques physiques. Le coût pour l’entreprise dépendra des aides disponibles. À ce jour, il est estimé à 2 000 € HT pour les sites de 1 à 49 salariés après prise en charge de 67 %, et à 3 000 € HT pour les sites de 50 à 499 salariés après prise en charge de 50 % (sous réserve d’éligibilité).