Sepur roule au bioGNV et à l’électricité

« En 2014, on s’est dit qu’on ne pouvait pas décemment prétendre être un logisticien de l’environnement et brûler 12 millions de litres de gasoil par an. On s’est fixé l’objectif de sortir du pétrole au bout de dix ans, c’est-à-dire en 2025 », raconte Philippe Crassous, directeur matériel et achats de l’entreprise française Sepur. Cette ETI spécialisée dans la collecte de déchets ménagers et la propreté urbaine dispose de 1 700 véhicules : un millier de bennes à ordures ménagères, des balayeuses de voirie, des voitures de fonction et des véhicules de service. Jusqu’en 2014, ils fonctionnaient au gasoil, sauf quelques-uns qui roulaient au gaz naturel pour réduire la pollution sonore. Fin 2021, la moitié pouvait déjà se passer de pétrole. Et début juin 2022, Sepur a atteint 65 % de son objectif (en nombre de véhicules). L’entreprise a commencé par faire basculer les véhicules légers à l’électrique. « Nous avons aussi 25 poids-lourds électriques, dont 18 sont en cours de livraison pour collecter le 13e arrondissement de Paris. D’autres ont été commandés. Dans un an, il y en aura une cinquantaine au total », indique Philippe Crassous. 

Au fur et à mesure du remplacement de sa flotte, Sepur a promu le GNV. Actuellement plus de 400 poids-lourds roulent au bioGNV et Sepur devrait passer la barre des 500 cette année. Ce qui était au départ du GNV classique est devenu du bioGNV depuis le 3e trimestre 2021 : via le mécanisme des garanties d’origine, Sepur s’assure que la quantité de GNV qu’elle achète correspond bien à la même quantité de biométhane injecté dans le réseau de gaz. Le surcoût des garanties d’origine, environ 10 cents par kilo de gaz, a vu sa part relative diminuer avec l’augmentation du prix du gaz. Les véhicules qui n’ont pas encore été remplacés fonctionnent au biodiesel (issu du colza), quand c’est possible. « Les autres véhicules roulent au gasoil, soit parce que techniquement, ils ne sont pas compatibles avec du biodiesel, soit parce qu’ils sont sur des sites où il est compliqué d’implanter une cuve de biodiesel », justifie le directeur matériel et achats.

L’enjeu des infrastructures

Le principal enjeu d’un basculement d’une telle ampleur, ce sont les infrastructures. « Installer des bornes électriques, construire des stations de gaz, poser des cuves de biodiesel, cela suppose de monter en compétence, donc d’avoir des collaborateurs investis sur le sujet. Une nouvelle personne est arrivée dans mon équipe, ce qui a permis d’accélérer la démarche », souligne Philippe Crassous. Cela suppose aussi des dépenses conséquentes. Sepur a d’abord investi dans une centaine de bornes de recharge électrique de 22 kW réparties entre 32 agences et les dépôts des poids-lourds, pour près de 600 000 euros. Elle va construire une station service électrique pour les 18 véhicules dédiés au 13e arrondissement de Paris, avec 20 emplacements de recharge dont deux bornes rapides de 150 kW, pour un coût total de 1,5 million d’euros. Elle a également fait construire par Engie six stations GNV (et deux sont en cours de construction sur 2022) dans le cadre d’un bail de quinze ans avec l’opérateur gazier. En parallèle, Sepur a mis en service deux microméthaniseurs qu’elle alimente en biodéchets (respectivement 2 000 et 400 tonnes par an). Ils produisent de l’électricité qui est réinjectée sur le réseau. Le bénéfice principal de sa stratégie “mobilité verte” est une image de marque valorisée, aussi bien en interne que vis-à-vis de ses clients, des collectivités locales pour la plupart.