Apprendre des autres
Solariser les entrepôts logistiques
Il y a un an, les professionnels de l’immobilier logistique et industriel, réunis au sein de l’association Afilog, ont promis de déployer 5 millions de mètres carrés de panneaux photovoltaïques en cinq ans. Entretien avec Diana Diziain, directrice générale d’Afilog.
Qui sont les membres d’Afilog, association qui compte aussi des énergéticiens ?
Afilog a été créé en 2001, avec historiquement des acteurs de l’immobilier stricto sensu (promoteurs, investisseurs, constructeurs) ainsi que des occupants, notamment les logisticiens. Puis se sont rajoutés des architectes, des bureaux d’études et, depuis environ quatre ans, des spécialistes de l’énergie comme Urbasolar ou Green Yellow. Sur nos 135 adhérents, deux tiers ont un profil très immobilier, un tiers est autour de ces autres métiers. Car on réalise de plus en plus que le bâtiment logistique a deux fonctions : la logistique et la production d’énergie.
Nous ne travaillons d’ailleurs pas que sur le photovoltaïque. Accenta a équipé un pôle logistique de Monoprix en géothermie. GRDF anime un réseau sur les solutions gaz. Et nous étudions avec TotalÉnergies la question de l’effacement de puissance électrique. L’objectif est de voir comment l’entrepôt peut être actif dans un système énergétique plus global.
Le 10 octobre 2023, Afilog a annoncé 5 millions de m2 de panneaux solaires en cinq ans. Comment êtes-vous arrivés à ce chiffre ?
En juillet 2021 une charte d’engagements réciproques a été signée entre l’État et les membres d’Afilog. Dans la partie relative à la neutralité carbone, les membres signataires se sont engagés à couvrir, en moyenne sur l’ensemble des permis déposés entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2025, 50 % de leur surface de toiture utile avec des panneaux photovoltaïques. Ils étaient donc en avance sur la réglementation*. Puis dans le cadre de l’Université de la ville de demain, en juillet 2023, nous avons voulu massifier la solarisation des toitures.
Dix-huit membres se sont alors engagés sur un nombre de m² à installer. Nous avons abouti à un total de 5 millions de m² de photovoltaïque, principalement sur des bâtiments neufs. D’autres membres se sont engagés depuis. Nous n’avons pas encore les chiffres des m² déjà mis en service, la mise à jour devrait arriver à la mi-novembre.
Quels sont les modèles économiques retenus ?
La taille moyenne d’un bâtiment logistique construit aujourd’hui est d’environ 20 000 m². Les surfaces de plus de 5 000 m² représentent en moyenne environ 1,5 million de m² construits par an. C’est pour cela que la plupart des centrales sur toiture sont construites dans le cadre des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie car le guichet ouvert (qui permet de bénéficier d’un tarif d’achat de l’électricité sans passer par les appels d’offres, ndlr) est limité aux puissances de moins de 500 kW, ce qui représente un petit bâtiment.
Certains investisseurs propriétaires des bâtiments se chargent eux-mêmes de l’installation et de l’exploitation des centrales photovoltaïques. Mais la majorité d’entre eux confient leurs toitures à des spécialistes du solaire, qui investissent dans les centrales et leur reversent un loyer. Les m² de bâtiments sont loués à des utilisateurs, transporteurs ou logisticiens. Dans le cadre de la négociation du bail, une partie des bénéfices perçus par le propriétaire grâce à la revente de l’énergie ou grâce au loyer versé par le tiers investisseur vient en déduction des charges du locataire.
* La loi Climat et résilience du 22 août 2021 et l’arrêté du 19 décembre 2023 imposent aux constructions d’entrepôts de plus de 500 m² d’emprise au sol un taux de couverture de la surface de toiture par des énergies renouvelables ou de la végétalisation de 30 % à compter du 1er janvier 2024, de 40 % à compter du 1er juillet 2026 et de 50 % à partir du 1er juillet 2027.