Sollys, le solaire à concentration pour décarboner les entreprises

On le sait, on le répète régulièrement ici, la chaleur reste encore l’oubliée de la transition énergétique. C’est sur ce constat qu’est née l’entreprise Sollys. Depuis fin 2021, deux ingénieurs et un commercial se sont associés, entre Rennes et Lyon, pour développer des centrales solaires à concentration (CSP, pour Concentrating Solar Power), c’est-à-dire des installations concentrant les rayons du soleil grâce à des miroirs sur un point ou une ligne.

« Si elles existent déjà dans d’autres pays, elles sont assez peu connues en France, à part le fameux four solaire de Font-Romeu, explique Olivier Conrad, cofondateur et directeur des opérations de Sollys. Le principe consiste à installer une importante quantité de miroirs mobiles pour focaliser les rayons solaires vers des tubes. À l’intérieur de ces derniers circule un fluide qui va être chauffé via le rayonnement solaire. L’intérêt réside dans le fait qu’il va ainsi être capable d’atteindre des températures jusqu’à 500 °C. » Pour le fluide, la start-up travaille sur de la vapeur d’eau et souhaite s’éloigner des solutions avec des sels fondus, « qui peuvent être toxiques pour l’environnement ».

Module de stockage indépendant

Sollys cible donc des industries à forte consommation de chaleur, comme l’agroalimentaire et la chimie, pour décarboner leurs process. Et pour rendre ces centrales les plus efficientes possibles, à savoir produire de la chaleur même durant la nuit et par mauvais temps, l’entreprise développe un module de stockage indépendant. « Il permettra de transférer la chaleur de la vapeur d’eau vers un matériau minéral solide – nous n’en disons pas plus pour le moment, car nous sommes en cours de dépôt de brevet –, puis de retransférer la chaleur du solide vers la vapeur d’eau à la demande, afin qu’elle soit utilisée dans divers procédés. Les centrales seront ainsi pilotables. »

Cette solution pourrait alors couvrir 100 % des besoins du client. Sans le stockage, l’appoint sera indispensable, en gardant une partie des chaudières, gaz ou fioul, par exemple. « Les miroirs seront installés en priorité au sol, mais on travaille aussi déjà avec des partenaires fabricants capables de proposer des installations en toiture, plus lourdes bien sûr. Cela existe déjà ailleurs », poursuit Olivier Conrad. Sollys annonce au moins 300 kWh d’énergie produite sous forme de chaleur par mètre carré de foncier occupé.

Tiers investissement

Sollys, qui a bénéficié, pour son développement, de l’écosystème de l’incubateur X-UP de l’École polytechnique de Palaiseau, développe un business modèle de tiers investissement, dans lequel elle serait propriétaire et exploitante des centrales solaires. L’énergie produite serait ensuite vendue à « prix garanti » sur le long terme, via des contrats de type PPA établis sur quinze à vingt ans. « Nous sommes en discussion avec plusieurs industriels et avons déjà un premier client pour lequel nous réalisons une étude de faisabilité sur le coût et le productible », précise Olivier Conrad.

La première centrale pourrait ainsi être installée d’ici à l’an prochain. À quel prix la chaleur serait-elle proposée ? « A priori entre 40 et 60 € du MWh de chaleur. Pour que les industriels passent le cap, il ne faut pas s’éloigner du prix des fossiles. » Sachant que, pour le moment, ces dispositifs ne sont pas éligibles au Fonds chaleur de l’Ademe. « Mais nous espérons qu’ils le soient dans quelque temps, et regardons pour voir s’ils pourraient l’être dans le cadre de l’appel à projets Decarb-Flash 2025-2027. »