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Sondage : comment les PMI se décarbonent
Les petites industries européennes ont tout à fait conscience de la nécessité de se décarboner et des avantages qui en découlent, révèle un sondage d’OpinionWay pour le groupe Equans. Mais elles ont besoin de simplification et de soutien.

Quand des décideurs industriels de cinq pays d’Europe répondent à un sondage auto-administré sur la décarbonation (voir la méthodologie en encadré), on peut supposer qu’ils sont déjà sensibilisés à cette question. Ainsi, 90 % d’entre eux sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle décarboner l’industrie est une nécessité pour répondre à l’urgence climatique. Autre bonne nouvelle, ils sont 94 % à penser que la problématique de la décarbonation est compatible avec l’activité de leur entreprise. Leurs réponses détaillées éclairent davantage la position des petites et moyennes industries face à cet enjeu du siècle.
Des enjeux et des freins bien identifiés
Ainsi, à la question « Quels sont ou seraient les bénéfices de la décarbonation pour votre entreprise (outre l’implication dans la transition écologique et le respect de la législation) ? », le premier avantage identifié par tous est l’impact positif sur la réputation de l’entreprise (58 % des répondants). Vient ensuite la sécurité des approvisionnements et des ressources énergétiques, avec des variations selon les pays. Cette réponse est citée à 54 % par les patrons britanniques et à 47 % par les Allemands, mais seulement à 41 % par les Français.
Autre avantage, la décarbonation est un accélérateur d’innovation, selon 46 % des répondants. Si aucun obstacle majeur ne s’oppose à la décarbonation industrielle, le frein le plus souvent cité (par un tiers des répondants) est la complexité des solutions proposées. Second frein, le niveau d’investissement nécessaire quand il dépasse les moyens de l’entreprise. La complexité administrative et réglementaire n’est citée que par un quart des décideurs.
Passage à l’acte
Même si presque toutes les entreprises discutent du sujet, moins de la moitié sont passées à l’action : 43 % en moyenne, et seulement 36 % en France ont commencé à déployer des mesures de décarbonation. Le taux est plus élevé dans les secteurs agroalimentaire (66 %) et high-tech (56 %). Parmi les facteurs qui ont poussé les entreprises à se décarboner, les décideurs français citent en premier lieu le management de leur entreprise, ainsi que les acteurs déjà impliqués dans la décarbonation. Pour les Belges, c’est au contraire le gouvernement qui arrive en tête des facteurs incitatifs.
Sur les 530 décideurs qui se sont déjà lancés, la première action de décarbonation est l’efficacité et la sobriété énergétique (53 % en France et déjà 74 % au Royaume-Uni). Une entreprise sur deux (trois sur quatre en Belgique) a également pris des mesures pour réduire la consommation d’eau et de matières premières et améliorer la circularité. Autres actions : remplacer des combustibles fossiles par des solutions émettant moins de gaz à effet de serre (quatre entreprises sur dix), stocker et réutiliser l’énergie. À noter que les techniques de capture du carbone sont beaucoup plus utilisées chez nos voisins que chez nous : 48 % pour la Belgique, 41 % pour l’Allemagne et seulement 28 % pour la France.
Parmi les solutions de remplacement des combustibles fossiles, le solaire avec batterie est cité par huit entreprises sur dix (près de neuf sur dix en France). En matière de chauffage, plus d’une industrie sur deux a remplacé tout ou partie de son équipement par des pompes à chaleur. Vigilance cependant : le changement de discours actuel, avec des politiques et des industriels affirmant qu’il faudrait ralentir le rythme de la décarbonation, freine la transition des industries.
Méthodologie
Pour réaliser l’étude « Décarbonation industrielle en Europe » pour le compte d’Equans, entreprise de services énergétiques filiale du groupe Bouygues, OpinionWay a interrogé 1 336 décideurs du monde industriel, dont 38 % basés en France. Les autres se répartissent à plus ou moins 15 % chacun entre le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas.
Les entretiens ont été menés en mars 2025, sous forme de questionnaire en ligne auto-administré. En moyenne sur les cinq pays, près d’un quart des répondants ont indiqué être dans des entreprises de 50 à 99 salariés, et 57 % appartiennent à des organisations de 100 à 249 personnes. Plus de 9 répondants sur 10 affirment être décisionnaires ou codécisionnaires dans ce qui a trait à la décarbonation.