Passer aux renouvelables

Une boulangerie solaire en Normandie

Prés de Rouen, NeoLoco expérimente la viabilité économique du four solaire pour la boulangerie et la torréfaction, deux activités artisanales nécessitant de hautes températures. Explications avec Arnaud Crétot, son fondateur.

PAR ARNAUD WYART - MAI 2023
Le prix d’un four Solar Fire est équivalent à celui d’un four professionnel de boulangerie. ©NeoLoco

Arnaud Crétot, ingénieur de formation, découvre le four solaire en Inde, à l’occasion d’un voyage d’étude consacré aux solutions énergétiques. Les concentrateurs solaires, permettant d’obtenir un point chaud à haute température, étaient alors conçus par l’entreprise finlandaise Solar Fire. Convaincu par les possibilités et les vertus de cette technologie, Arnaud Crétot rencontre Solar Fire et devient son directeur technique en 2014. Il décide ensuite de passer un CAP boulangerie dans le but de démontrer, en conditions réelles, la viabilité économique du système. L’entreprise NeoLoco est ainsi créée en 2019.

La torréfaction au secours de la boulangerie

Installée à Montville, NeoLoco mène deux activités : une boulangerie bio et la torréfaction de graines ou légumineuses (pois chiches, lentilles, etc.). En raison de la variabilité du rayonnement solaire, il lui est en effet impossible de fabriquer du pain tous les jours. « Pour la boulangerie, la gestion est plus difficile, car nous travaillons avec un produit périssable. La torréfaction, elle, permet d’obtenir des produits qui se conservent plus d’un an. Cela pose moins de problèmes », explique Arnaud Crétot.

Ce dernier assure toutefois que le 100 % solaire est parfaitement atteignable, à condition d’accepter de travailler uniquement lorsqu’il fait beau et, idéalement, de cuire du pain au levain, celui-ci se conservant très bien pendant une dizaine de jours. Une boulangerie peut ainsi proposer à ses clients des produits quasiment tous les jours. NeoLoco a quant à elle cessé de faire fonctionner la boulangerie seulement au solaire afin de ne pas perturber les autres initiatives qu’elle a mises en place (lire encadré). « Nous avons choisi une forme d’organisation hybride. La boulangerie fabrique du pain uniquement le mardi et le jeudi. Lorsque la météo n’est pas favorable, nous alimentons le four au feu de bois », précise Arnaud Crétot.

Réduire la facture énergétique

Outre la boulangerie et la torréfaction, un four solaire peut être utilisé dans un restaurant, une pâtisserie, une biscuiterie, etc. Dans ce cas, un modèle de four solaire similaire à celui de NeoLoco, dont les 69 miroirs permettent de monter à 300 °C en cuisson, suffit. Pour obtenir des températures plus élevées, par exemple pour cuire des pizzas à 400 °C, un four devra intégrer davantage de miroirs. Selon Arnaud Crétot, il est également possible d’adapter la solution pour d’autres activités, telles que le séchage. Une solution qui suscite un certain d’intérêt auprès des acteurs institutionnels tels que l’Ademe, qui voient en elle une possibilité de réduire la consommation de gaz et d’électricité pour l’alimentation des fours classiques.

« Dans notre cas, la facture énergétique en lien avec l’activité boulangerie ne s’élève qu’à 300 € par an, ce qui correspond à l’achat du bois, indique Arnaud Crétot. Toutefois, si l’on prend l’exemple d’un modèle hybride, utilisant du gaz ou de l’électricité, le plus simple à mettre en œuvre, cela offre la possibilité, sans faire beaucoup d’efforts, de réduire d’au moins 20 % le montant de la facture ». Pour cela, il suffit aux entreprises de prioriser les tâches les plus gourmandes lorsque le soleil est disponible. Par exemple, pour une boulangerie, la cuisson du pain, ou, pour un torréfacteur, la torréfaction des graines.

Une nouvelle organisation du travail

« Pour un torréfacteur, la torréfaction des graines est de loin la tâche la plus gourmande en énergie, mais elle ne concerne que de 10 à 15 % du temps de travail. Or, il est parfaitement possible de prioriser la torréfaction par beau temps. Nous y parvenons en Normandie ! », affirme Arnaud Crétot. Selon lui, le recours à une énergie renouvelable permet également de ne plus gérer une activité en flux tendu, mais par le stock. « Pour la torréfaction, nous avons toujours trois mois d’avance, ce qui nous permet de répondre à la demande. Par ailleurs, cela réduit le risque de pénurie des fournisseurs. » Cependant, en raison de la surface nécessaire et de la nouvelle organisation à mettre en place, la solution est davantage adaptée aux zones rurales et aux entreprises qui s’installent.

Le four solaire en détail

Arnaud Crétot a récemment publié La Boulangerie solaire, livre qui détaille les différentes organisations permettant d’optimiser l’utilisation d’un four solaire. Il délivre également des formations tous les mois aux artisans intéressés. Solar Fire a quant à elle noué, en 2019, un partenariat avec une entreprise située près du Havre pour commercialiser sa solution de concentrateurs solaires Lytefire. Depuis la création de NeoLoco, une douzaine de structures (essentiellement des torréfacteurs) se sont d’ores et déjà équipées.

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