Décryptage

Électricité : les courants parasites passent mal dans les élevages

Les installations électriques sont parfois source de nuisances pour les élevages. De nombreux ouvrages sont aujourd’hui remis en cause. Cela pourrait être un vrai frein pour décarboner l’énergie sur les territoires.

PAR ALEXIS DUFUMIER - OCTOBRE 2021
De nombreux ouvrages électriques sont impliqués dans des nuisances en élevage. Tous les types de réseaux peuvent être concernés. ©DR

Ils sont le plus souvent imperceptibles pour l’homme. Et pourtant ! Les courants parasites et courants vagabonds sont régulièrement la source de graves dysfonctionnements dans les élevages. Le phénomène est connu depuis longtemps, mais des éléments de preuve supplémentaires ont été apportés ces dernières années. Un rapport sur le sujet a d’ailleurs été remis au ministère de l’Agriculture en juin 2021 par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Il confirme le caractère à la fois inexpliqué, mais incontestable des nuisances subies en élevage.
La multiplication des capteurs de performance en élevage et notamment sur les robots de traite ont en effet permis de faire des corrélations fines entre la dégradation des résultats de certains élevages et la mise en route de certains équipements électriques. Quand ces ouvrages sont éteints, les nuisances s’arrêtent et quand ils sont fonctionnels, les nuisances reprennent. Un éleveur de la Manche est ainsi parvenu à faire constater ce lien et à obtenir la condamnation (en première instance et en appel entre 2015 et 2017) de RTE (Réseau de transport d’électricité) après des années de bataille judiciaire (affaire Thierry Charuel). Les ouvrages de très haute tension dont il était question dans ce dossier (ligne THT) ne sont pas les seuls incriminés. Aujourd’hui, l’installation éolienne de Nozay (Loire-Atlantique) fait l’objet d’une attention particulière suite aux décès inexpliqués de plusieurs centaines de bovins. Dans l’Orne, un éleveur est parvenu à retrouver en 2019 des performances normales pour son élevage après avoir fait déplacer à ses frais un transformateur électrique. De très nombreux ouvrages y compris de simples lignes enterrées sont aujourd’hui régulièrement mis en cause. Et plusieurs dizaines de procédures judiciaires sont lancées en France pour trouble anormal du voisinage.

Études géobiologiques

L’homme aurait une résistance aux courants de 5 000 ohms contre seulement 400 ohms, et sans doute encore moins, chez les bovins. La norme sur les ouvrages basse tension NF C 15-100 « ne protège pas des risques vu qu’elle a été réalisée sur la base des dangers d’électrocution pour l’être humain », déplore Serge Provost, cofondateur de l’Association nationale des animaux sous tension (Anast) qui accompagne les éleveurs. Cela explique en partie pourquoi il est difficile d’appréhender ce problème. Les éleveurs qui ne parviennent pas à trouver de solutions face aux risques électromagnétiques, sont incités à recourir au Groupe permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole (GPSE), qui est l’organisme d’accompagnement officiellement reconnu. Ce groupement permet de bénéficier d’un appui technique et de financer des équipements (diagnostic électrique, cages de Faraday, etc.). Toutefois, le GPSE ne parvient pas toujours à trouver des solutions.

Géologie

« Les pires nuisances rencontrées proviennent des courants vagabonds véhiculés dans les sols, analyse Serge Provost. Lorsqu’un ouvrage est positionné sur une veine de terre conductrice, la seule issue c’est de déménager l’ouvrage ou de déménager la ferme, mais personne ne veut payer pour ça. » Selon lui, le facteur géologique est bien l’une des clés de compréhension du problème. C’est ce qui explique pourquoi les nuisances sont parfois tellement éloignées des ouvrages. « Des études géologiques et électriques devraient être faites à chaque installation d’un jeune agriculteur en élevage dans un rayon de 10 km, plaide-t-il. Lors de la mise en place de nouveaux ouvrages, il faut absolument prendre en considération la nature du terrain. Ce sont les sols humides qui posent problème. Sur sols secs, il n’y en a jamais. »

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