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Méthanisation : en Île-de-France, la filière accélère
La troisième édition des Rencontres franciliennes de la méthanisation s’est tenue le 20 mars au lycée agricole de Bougainville, en Seine-et-Marne. L’occasion pour les acteurs de la filière de revenir sur son développement, mais aussi de souligner les défis à venir.

Cent cinquante participants se pressaient sur les bancs de l’amphithéâtre du lycée agricole de Bougainville, en Seine-et-Marne, le 20 mars, pour assister aux Rencontres franciliennes de la méthanisation. Prométha, le collectif d’animation de la méthanisation en Île-de-France a dressé le portrait d’une filière dynamique : 71 unités de méthanisation sont en fonctionnement en Île-de-France, dont sept ont été mises en service au cours de l’année écoulée. « Depuis 2020, le biométhane injecté dans le réseau a triplé pour atteindre 979 GWh en 2024, pointe Melisa Amara, chargée d’études pour l’Agence régionale énergie-climat (Arec). Une hausse en partie due à l’optimisation d’installations existantes, qui ont amélioré leurs rendements. » D’après les intervenants, la méthanisation est d’ailleurs la seule filière à avoir atteint les objectifs fixés par la dernière planification pluriannuelle de l’énergie.
Pas de demande de subvention en 2024
L’Ademe et la région n’ont cependant reçu aucune demande de subvention pour de nouvelles installations en 2024. En cause, des tarifs d’achat abaissés en 2021, dissuadant les porteurs de projets. « Nous rencontrons des hausses de coûts, dans tous les domaines », a également ajouté Mathieu Imbault, agriculteur méthaniseur dans l’Essonne. L’électricité nécessaire au fonctionnement des unités, les coûts de maintenance, de matières premières, de transport, de main-d’œuvre ont augmenté, limitant la rentabilité des installations. « Mais de nouveaux dispositifs de financement voient le jour, et nous attendons une reprise de la dynamique projets », a déclaré Melisa Amara (lire notre article). Les garanties d’origine, les certificats de production biogaz et les biogas purchase agreement, des mécanismes de soutien à la production de biométhane, ont d’ailleurs fait l’objet d’un atelier, en deuxième partie de journée.
Soutien des collectivités
Pour encourager l’installation de méthaniseurs, notamment agricoles, les porteurs de projets peuvent compter sur le soutien des collectivités. En particulier en Seine-et-Marne, où se concentre la majorité des unités franciliennes. Alain Auzet, maire de Réau, a ainsi modifié le PLU de la commune pour permettre l’installation d’un méthaniseur agricole, puis d’un déconditionneur, machine qui permet de séparer les déchets organiques des emballages et éventuels résidus de plastique.
Le département accompagne les projets d’installation, avec l’objectif de satisfaire 70 % des besoins en gaz domestique via la méthanisation d’ici 2030, mais aussi de développer 30 stations de bio GNV, pour 6 000 poids lourds. Pour ce faire, il anime l’association CapBioGNV77, qui réunit les acteurs de la mobilité verte, sécurise du foncier pour les stations et investit dans six poids lourds et un tracteur alimentés au biométhane. Des projets qui donnent une impulsion à la filière, alors que celle-ci nourrit des objectifs ambitieux. « D’ici 2030, la production de biométhane pourrait être multipliée par six ou sept », estime Amélie Renaud, directrice Île-de-France de l’Ademe.
979 GWh injectés dans le réseau
71 unités de méthanisation sont en fonctionnement en Île-de-France, dont 7 ont été mises en fonctionnement en 2024 :
- 49 unités agricoles
- 12 unités liées à des stations d’épuration
- 7 unités territoriales
- 2 unités industrielles
- 1 unité de traitement de la fraction fermentescible d’ordures ménagères
En ce qui concerne le type d’énergie produite, 58 unités injectent du biométhane dans le réseau, 11 unités sont en cogénération (chaleur et électricité) et 2 unités en chaleur seulement.