Entretien
« NaTran accompagne le développement des gaz renouvelables »
Pierre Monin, délégué territorial Val-de-Seine de NaTran (ex-GRTgaz) fait un point sur le développement des gaz renouvelables en Île-de-France et sur les ambitions nationales du groupe.

En marge des 3e Rencontres du cercle francilien de la méthanisation, pouvez-vous faire un focus sur le développement de la méthanisation en Île-de-France ?
Pierre Monin : Au 1er janvier 2025, on compte 71 unités de méthanisation en fonctionnement (essentiellement en injection). Par ailleurs, 86 projets sont à l’étude, ce qui montre une importante dynamique qui suit la trajectoire ambitieuse, réaliste et nécessaire pour répondre aux objectifs nationaux.
Comment NaTran accompagne-t-il cette dynamique ?
PM : Les installations de « rebours » développent les capacités d’injection dans les réseaux de gaz et permettent l’émergence de projets agricoles. Traditionnellement, les flux de gaz circulent du réseau de transport national vers le réseau de distribution local. Le rebours est un dispositif qui permet d’inverser le sens habituel des flux lorsque la consommation des clients diminue (l’été notamment) alors que la production de gaz renouvelable reste quasi stable. Il s’agit de garantir le droit à l’injection des méthaniseurs. Le rebours est installé sur une zone de convergence entre le réseau de transport et celui de distribution.
Grâce à un investissement total de 12 millions d’euros, trois rebours sont en service en Île-de-France : celui de Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne) depuis 2020, celui de Marchémoret (Seine-et-Marne) depuis 2021, et celui de Boissy-la-Rivière (Essonne) depuis 2024. Mi-mars 2025, nous avons également obtenu la validation de la Commission de régulation de l’énergie pour en créer un quatrième sur la zone Brie-Nangis en Seine-et-Marne.
D’autres projets sont-ils en cours ?
PM : Nous allons tester sur le site de Marchémoret, d’ici à l’été 2025, une solution innovante qui apporte une continuité de service et de la flexibilité. « Rmob » est un rebours mobile conçu par NaTran et installé sur un camion. Rmob garantit une continuité de service sur un réseau lorsque ce dernier est en maintenance. Il permet également d’augmenter ponctuellement l’injection de gaz dans les réseaux en cas de forte demande. 5,9 millions d’euros sont investis dans ce projet.
Le bioGNV est-il également en développement en Île-de-France ?
PM : Le gaz naturel véhicule (GNV) et le bioGNV* représentent en 2024 une consommation de 1,45 TWh, l’équivalent d’environ 4 000 bus roulant au GNV/bioGNV. 51 points d’avitaillement, dont 42 stations publiques, sont implantées sur le territoire francilien. En 2024, 83 % du GNV consommé est du bioGNV. Pour accompagner le développement de cette nouvelle mobilité lourde décarbonée, NaTran finalise les travaux de raccordement du futur centre bus à Villiers-le-Bel [dépôt chargé du remisage et de la maintenance des véhicules, ndlr] de la RATP, qui a pour objectif de convertir ses bus à l’électrique et au bioGNV. Au total, sept centres bus seront ainsi raccordés au réseau de NaTran (Pantin, Créteil, Bussy, Nanterre, Pavillons-sous-Bois, Thiais et Villiers-le-Bel).
Quels sont les projets et ambitions de NaTran au niveau national ?
PM : Sur la France, nous avons de nombreux projets (49) de pyrogazéification, qui traite des déchets par voie thermique pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité ou un gaz injectable dans les réseaux. Nous menons également 24 projets de gazéification hydrothermale qui valorise des déchets et résidus humides en gaz renouvelable, en fertilisants et en eau. Concernant les réseaux de transport d’hydrogène (H₂), NaTran étudie la faisabilité d’un projet entre la Normandie et l’Île-de-France. Nous développons également le réseau de transport et le développement de capacités de stockage de dioxyde de carbone (CO₂), notamment dans le bassin parisien.
Plus largement, d’ici à 2030, NaTran projette de consacrer plus de 50 % de ses investissements annuels à la transition énergétique, de multiplier par cinq le volume des gaz renouvelables dans les réseaux, et de faire émerger plus de 1 000 km de réseaux H₂ et CO₂ en Europe.
* Le gaz renouvelable utilisé comme carburant permettant de réduire de 80 % les émissions de CO₂ par rapport au diesel.