Retour d'expérience

Séchage solaire de la luzerne… grâce au photovoltaïque

Une coopérative agricole de la Somme a mis en œuvre un procédé innovant pour sécher sa production de luzerne. Celui-ci consiste à exploiter la chaleur générée par une installation photovoltaïque en toiture. L’énergie produite, elle, est totalement injectée dans le réseau.

PAR ARNAUD WYART - JUIN 2023
Le procédé de séchage consiste à entreposer les ballots de luzerne dans le bâtiment, après un préséchage en extérieur. ©DR

Dans le petit village de Liéramont, seize agriculteurs souhaitaient se diversifier dans la culture et le séchage de luzerne. Après avoir créé une coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma), baptisée Som’Luzerne, ils ont commencé par réunir, à plusieurs reprises, des producteurs susceptibles d’être intéressés par leur future activité. « Nous avons rencontré des agriculteurs disposant de terres superficielles calcaires, des cultivateurs bio dont l’assolement comporte une partie de luzerne et des éleveurs qui ont besoin de compléter leurs rations protéiniques », précise Jean-Luc Choquet, trésorier de Som’Luzerne.

La solution du photovoltaïque

Une fois la demande locale en luzerne sécurisée, la Cuma a étudié la question de son séchage. Traditionnellement, celui-ci est réalisé dans un bâtiment en tôle, grâce à l’air chauffé par induction dans un double toit. Une solution assez peu efficace. D’autres coopératives agricoles ont décidé d’innover en brûlant du gaz issu de la méthanisation, ou encore des copeaux de bois, mais ces procédés, coûteux et lourds à installer, n’intéressaient pas Som’Luzerne. Finalement l’idée d’un séchage via des panneaux solaires est venue par intermédiaire d’un fournisseur de bâtiments agricoles. « Ce fournisseur connaissait un autre acteur, spécialiste des bâtiments en bois, qui avait installé des panneaux photovoltaïques et, sous le toit, un système de récupération de la chaleur résiduelle pour chauffer des bâtiments. Celui-ci nous a assuré qu’il pouvait adapter le système à nos besoins », indique Jean-Luc Choquet.

Som’Luzerne a alors acheté un terrain et fait construire un bâtiment en bois de 642 m2 pour sécher et stocker la luzerne. En incluant les équipements (notamment quatre ventilateurs), la partie photovoltaïque (500 m2 de panneaux en toiture) et l’installation d’un transformateur pour injecter l’électricité dans le réseau (voir encadré), le budget total s’est élevé à 192 000 €. Le projet a été autofinancé à 100 % par le collectif d’agriculteurs. Les travaux ont commencé en 2021 et l’installation a été mise en service en 2022.

Valoriser la chaleur résiduelle

Le procédé de séchage consiste à entreposer les ballots de luzerne dans le bâtiment, après un préséchage en extérieur. La chaleur émise par les modules dans le double toit est alors aspirée par les ventilateurs et expulsée vers des gaines qui la diffusent directement sous les ballots. La totalité de l’électricité produite par l’installation, soit environ 100 00 kWh/an, est quant à elle revendue au fournisseur d’énergie local Proxelia, au prix fixe de 0,11 c€/kWh, et ce pendant une durée de vingt ans (soit entre 10 000 et 11 000 € de revenus annuels).

Aujourd’hui, la coopérative, malgré quelques aléas et retards pendant les travaux, est satisfaite du résultat, au même titre que ses nouveaux clients. « Le procédé optimise le séchage et nous permet d’obtenir un produit qualitatif, très riche en nutriments. En outre, chaque ballot est traçable à 100 %. Des clients sont rapidement venus vers nous et ils ont d’ores et déjà renouvelé leurs commandes », affirme Jean-Luc Choquet.

Sur le même sujet : Le séchage solaire thermique

Conseils aux agriculteurs intéressés

Som’Luzerne recommande de valider au préalable l’assurance de la future installation et son coût, le couplage photovoltaïque/fourrage présentant des risques d’incendie. Il faut aussi se pencher sur les raccordements possibles au réseau de l’installation photovoltaïque, ainsi que sur leur faisabilité. À cause d’un problème au niveau du transformateur, la Cuma a dû en financer un nouveau, à hauteur de 45 000 €. Le retour sur investissement est ainsi passé de 13 à 18 ans.

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