Engager sa transition

Plaidoyer pour une mode responsable

L’association En mode climat prône une législation contraignante qui obligerait les entreprises du secteur textile à adopter un modèle de production responsable. Et éviterait ainsi la « prime au vice » qui les pousse à produire à l’autre bout du monde à bas prix mais pour un coût environnemental et social trop élevé.

PAR CAROLE RAP - MARS 2024

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Dans sa charte, l’association estime que « le secteur textile doit faire sa part pour respecter l’accord de Paris, donc diviser par trois les gaz à effet de serre d’ici 2050 ». ©Pexels-Anastasiya Badun

Créée en mars 2022 sous l’égide de Julia Faure, cofondatrice de la marque de vêtements éthiques Loom, l’association En mode climat va plus loin que la seule stratégie de décarbonation. Dans sa charte, elle estime que « le secteur textile doit faire sa part pour respecter l’accord de Paris, donc diviser par trois les gaz à effet de serre d’ici 2050 ». Mais elle reconnaît que cette ambition ne pourra être réalisée en se basant seulement sur des solutions techniques de type efficacité énergétique ou matières écoresponsables. En mode climat préfère miser sur le plaidoyer législatif. Sur son site Internet, les 541 membres (des marques, des usines et des acteurs économiques de la mode) affirment : « À travers En Mode climat, nous utilisons notre pouvoir d’influence pour demander des lois qui luttent contre la catastrophe climatique, qui servent le bien commun et non nos intérêts économiques propres. »

La fast fashion en ligne de mire

Cette demande vise explicitement le modèle de la fast fashion, cette industrie de la mode à bas prix, express et éphémère, accusée de favoriser l’augmentation des volumes de production, et par conséquent les émissions de gaz à effet de serre. Ne rien faire et laisser jouer la loi du marché ne sert qu’à aggraver le problème. C’est ce que Julia Faure appelle « la prime au vice ».

« Si je décide de fabriquer cette chemise au Portugal, dans des conditions correctes, avec de la viscose écoresponsable, elle va me coûter 25 € à produire. Si je décide de la faire au Bangladesh, ça va me coûter 7 €. Je n’ai donc aucun intérêt économique en tant qu’entreprise à relocaliser ma production au Portugal. Les règles du marché favorisent les pires pratiques. Pour retourner cette prime au vice et la transformer en prime à la vertu, il nous faut un changement structurel, réglementaire », expliquait-elle lors du Forum Energaïa le 13 décembre 2023.

Consommer moins

La présidente d’En Mode climat est convaincue que les entreprises ont un pouvoir d’influence : « Le monde économique est connu pour sa capacité à influer sur les lois, à souffler à l’oreille des dirigeants », constate-t-elle. Dans sa charte, l’association jette les bases des changements réglementaires qu’elle appelle de ses vœux. En premier lieu, favoriser la relocalisation des industries textiles en France ou dans les pays d’Europe où le mix énergétique est moins carboné. En parallèle, taxer les importations de textile en provenance de pays dont les énergies sont plus fortement émettrices de gaz à effet de serre. Mais aussi encourager l’industrie du réemploi et de la réparation et encadrer les trop fortes incitations à la consommation.

Julia Faure applique ces principes à sa propre société. Sur la page d’accueil du site Internet de Loom et sur la vitrine de la boutique parisienne, s’affiche en grosses lettres le slogan : « Achetons moins. Produisons mieux ».

Recréer de la richesse

Autre adhérent d’En Mode climat, la société Picture propose, en plus de ses vêtements outdoor neufs, de la location de tenues de ski et de la vente de produits reconditionnés. Car la sobriété peut aussi être créatrice de valeur. « Réduire ce qu’on consomme et le produire localement, cela a beaucoup d’effets vertueux. Si on relocalise l’industrie textile, on recrée de l’emploi, on recrée des richesses en France, ce qui veut dire des impôts locaux payés en France, des charges patronales, donc plus d’argent vers les services publics », souligne Julia Faure. Encore faut-il que les acteurs du textile soient pénalisés s’ils s’entêtent à produire à l’autre bout du monde. La balle est dans le camp des élus, mais aussi des citoyens et des entreprises, qui ont le pouvoir d’acheter des textiles fabriqués dans de meilleures conditions environnementales.

Un lourd bilan énergétique

Selon l’association En mode climat, 69 % des émissions du secteur textile proviennent de l’énergie consommée par les machines qui transforment la matière en vêtements (filature, teinture, tissage, ennoblissement, lavage…) dans les lieux de production, notamment car ceux-ci sont majoritairement des pays d’Asie au mix énergétique fortement carboné. Les émissions liées aux matières premières, magasins et bureaux, sont secondaires. (Source)

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